|  | La faille
 de Zoltán BÖSZÖRMÉNYI Traduit  par Raoul WEISS ISBN : 978-2-84924-829-4 13 x 20 cm 122 pages  15,00 € | La Faille marque un tournant dans l’œuvre romanesque de Zoltán Böszörményi, qui passe à cette occasion de  la fiction classique (quoique fortement influencée, bien sûr, par le  vécu de l’auteur) à une forme expérimentale de l’autofiction : une sorte  de « journal de ma psychose », mais agrémenté de notes théoriques, un  peu dans le style de ces carnets de  Merleau-Ponty (édités de façon posthume) qui fournissent au livre un de  ses épigraphes.Au détour  de ces digressions philosophiques, l’acte du souvenir individuel débouche sur  des profondeurs ontologiques. Au gré de cette stratification – mémoire et  réflexion sur la mémoire – le protagoniste, Thomas, ne se contente pas  d’évoquer les souvenirs de son enfance sous le communisme dans le comté d’Arad  (à l’ouest de la Roumanie), il en dessine également les cadres interprétatifs.
 L’émotion enfantine associée aux souvenirs d’Arad entre en tension avec la rationalité intellectuelle de Toronto,  où le narrateur a entre-temps émigré. Pourtant, c’est la rencontre de ces deux  pôles qui ouvre la possibilité d’une véritable interprétation du destin.
 La faille dans la clôture entourant la ferme scène de son enfance  villageoise – motif éponyme du roman – n’est pas seulement un élément spatial  concret, mais une fenêtre symbolique qui s’ouvre sur la structure du monde, sur  ses strates visibles et invisibles.
 Les  changements de perspective, les techniques de gestion du temps et la stratification du langage servent tous  un même objectif : que le lecteur, non content d’écouter jusqu’au  bout une histoire, fasse aussi une expérience de l’être.
 
 |